Anomalies et soupçons de falsifications d’Areva : Greenpeace demande l’arrêt immédiat des installations nucléaires concernées
Paris, le 16 juin 2016 – Greenpeace France publie aujourd’hui une note à propos des anomalies et soupçons de falsifications sur le site Creusot Forge d’Areva, qui présente une liste, non exhaustive, des installations potentiellement impactées à travers le monde. Ce document met en lumière la nécessité impérieuse de procédures indépendantes de contrôle et de tests de sûreté pour l’ensemble des pièces suspectes. Greenpeace France demande l’arrêt immédiat des installations nucléaires concernées, en attendant que la totalité des contrôles soit effectuée.
Plus de douze pays concernés
Cette liste a été élaborée par Greenpeace France sur la base d’informations publiques et non publiques. Le constat est sans appel : dans une douzaine de pays au moins, des réacteurs contiennent des pièces fabriquées au Creusot et sont donc potentiellement concernés par des anomalies ou falsifications, en Europe et dans le monde entier. Afin d’assurer la plus grande transparence, Greenpeace France demande que la liste des pièces soit rendue publique, ainsi que le détail des documents incriminés, la nature des incohérences, omissions ou modifications relevées.
Cette liste détaillée devrait être diffusée auprès des autorités et du public français, mais aussi des autorités et du public dans les pays concernés. Les autorités de sûreté ou les régulateurs doivent pouvoir décider dans leur propre pays du contrôle des installations qui comportent des pièces usinées au Creusot et des suites à donner.
Les installations doivent être stoppées pour que la qualité des pièces et la sûreté soient assurées
Depuis que l’affaire a été rendue publique, Areva, la ministre de l’Environnement Ségolène Royal et encore récemment EDF, se sont empressés de minimiser l’impact de ces révélations en affirmant que « l’intégrité mécanique des pièces » n’est pas en cause.
« Dans cette affaire, EDF et Areva ne peuvent pas être juges et parties ! La qualité réelle des composants ne peut être garantie que par des contrôles indépendants sous la responsabilité de l’ASN sur les documents voire sur les pièces elles-mêmes » explique Cyrille Cormier, chargé de campagne énergie à Greenpeace France.
Greenpeace demande, dès que la liste des installations concernées sera publiée, que celles-ci soient immédiatement stoppées en attendant que soient identifiés les contrôles à effectuer, et les démonstrations complémentaires à apporter. Cette note revient sur deux précédents internationaux au cours desquels des réacteurs ont été arrêtés pour procéder à des contrôles. Cette mesure est essentielle pour lever les doutes sur la qualité de l’ensemble des pièces incriminées.
Des pièces essentielles au fonctionnement et à la sûreté des installations
Les falsifications et anomalies potentielles sur les pièces concernées remettent en cause leur qualité de fabrication et portent une grave atteinte à la sûreté. En effet, il s’agit de gros composants essentiels au fonctionnement des réacteurs : des éléments de la cuve, qui renferme le combustible nucléaire, de son couvercle, du pressuriseur qui maintient le circuit primaire sous pression, des calottes de générateurs de vapeur qui évacuent sa chaleur vers le circuit secondaire, etc.
Dans le cas de la cuve de l’EPR de Flamanville, ce sont les premiers tests destructifs, pratiqués sur une calotte similaire à celles en place, qui ont mis en évidence le problème qu’Areva estimait au contraire avoir maîtrisé grâce à son processus de fabrication et contrôle qualité. Pour Cyrille Cormier, « on ne peut pas pratiquer la politique de l’autruche dans une affaire d’une telle envergure. On parle de sûreté nucléaire, la réalisation de contrôles est donc indispensable ! ».